Serge Mouille : portrait d’un humble génie du luminaire

Serge Mouille était l’un des concepteurs de luminaire français les plus notables de son époque. Son esthétique minimaliste, qui associe une forme épurée à la luminosité vibrante du métal et de la lumière, a contribué à un ensemble d’œuvres qui continue de maintenir son attrait intemporel dans le design contemporain. 

Histoire d’un jeune homme studieux

Serge Mouille est né la veille de Noël à Paris en 1922. Dès son plus jeune âge, il passera ses journées au Jardin des Plantes, un jardin botanique parisien situé au bord de la Seine. Là, il a fait des croquis de la diversité de la flore et de la faune, perfectionnant ses compétences jusqu’à ce qu’il soit accepté à l’École des Arts Appliqués pour étudier la métallurgie. A tout juste treize ans, il était le plus jeune élève de son temps et s’est formé auprès de certains des orfèvres les plus renommés de France.

C’est au hasard d’un cours d’orfèvrerie dispensé par Gabriel Lacroix que Mouille décide de faire de cette discipline sienne. Sous l’égide du professeur, il devient rapidement une des mains les plus habiles de sa génération, un virtuose du marteau et un très grand technicien.

Vers la fin de sa deuxième année d’études, on lui diagnostique la tuberculose. Il passe alors une année complète en cure. En 1941, après avoir repris ses cours, Serge Mouille obtient son diplôme sans aucune difficulté. En 1947, un concours spécial est organisé pour désigner le successeur de Lacroix. Il devient ainsi professeur en titre de dessin et de ciselure, adjoint à Gabriel Lacroix dont il prendra effectivement la succession en 1954.

A cette période, il développe son métier, en créant également son propre studio. Il s’est rapidement lancé dans la conception d’une grande variété de lampes et d’appliques aux designs métalliques minimalistes et ondulés. Certains de ses designs les plus emblématiques, dont le lampadaire (1950) et la lampe de table Saturne (1958), datent de cette période.

Peu de temps après, les effets de la tuberculose ravagent le créateur atteint depuis la fin des années 1950. Mouille a consacré ses dernières années à l’enseignement et au domaine de la création de bijoux. C’est également à cette époque qu’il fonde la Société de Création de Modèles (SCM), qu’il crée au début des années 1960 pour soutenir d’autres créateurs en plein essor.

Il s’installe à Monthiers en 1963 jusqu’à sa mort en décembre 1988, à quelques kilomètres seulement des Editions Serge Mouille. 

Les rencontres qui ont tout déclanché

C’est en prenant le train pour rejoindre Paris depuis Meudon, que Serge Mouille rencontre Slavik, décorateur chez Publicis. Une petite bande d’amis se constitue autour de Mouille et Slavik : les sculpteurs François Stalhy et Etienne Martin, le mosaïste Max Herzele, le peintre François de Lucy, et le critique d’art Renée Bouiller. Avec eux, Serge Mouille explore d’autres horizons sans abandonner l’enseignement de l’orfèvrerie.

Slavik présente Serge à l’équipe des étalages des Galeries Lafayette dirigée par Jean Adnet. C’est ainsi que Serge Mouille se retrouve propulsé dans l’univers de la décoration associé à de jeunes créateurs. François Stahly et Max Herzele lui présente le président du groupe Espace, André Bloc avec qui Serge Mouille s’initie au débat d’idées. 

Au détour de ces moments il connaitra de nombreux artistes et designers avec qui il travaillera plus tard : Claude Parent, Jean Sebag, Marcel Gascoin, Jean Prouvé… C’est la rencontre avec Jacques Adnet, directeur de la Compagnie des Arts Français, en 1951, qui marquera un tournant dans sa vie.  

En 1953, il lui demande de concevoir une grande lampe pour ses clients sud-américains. Serge Mouille s’est mis au travail et est passé d’artisan à artiste créateur avec la célèbre série des Formes Noires. Le lampadaire à 3 bras et le lampadaire à 1 bras seront ses premiers modèles.  

Retrouvez notre article : 4 modèles inspirants de luminaires Serge Mouille

Poursuivre des idées nouvelles

Tout au long des années 1950, Mouille a conçu de grandes lampes murales et sur pied angulaires ressemblant à des insectes à plusieurs bras et des appliques murales plus petites et plus courbes. Certains de ses modèles les plus connus de l’époque sont sa lampe «Oeil» (1953), «Flames» (1954) et «Saturne» (1958). Il a travaillé pour obtenir une esthétique cinétique et sculpturale qui évoque une sensation de mouvement dans l’espace. Il a également affirmé que ses luminaires étaient «une réaction aux modèles italiens, qui commençaient à envahir le marché en 1950» et qu’il jugeait «trop compliqués».

Pour sa carrière de forgeron et de designer, il a reçu une médaille de la Ville de Paris décernée par les directeurs d’artistes professionnels.

En 1955, il devient membre de la Société des Artistes Décorateurs et de la Société Nationale des Arts Français. La même année, il reçoit le prix Charles Plumet pour son travail et en 1958 il reçoit un diplôme d’honneur à Brussels Expo. Mouille a commencé, vers la fin de la décennie, à concevoir des éclairages industriels et il a été responsable, au cours des années suivantes, de la conception de l’éclairage de l’Université d’Antony, des écoles de Strasbourg et de Marseille et de la cathédrale de Bizerte en Tunisie.

Toujours vers la fin des années 50, l’invention des tubes néons a inspiré Mouille à créer une série de lampadaires combinant incandescence et fluorescence. Ces créations, appelées la collection «Colonnes», ont fait leurs débuts au Salon de design d’intérieur de 1962 et font partie de ses œuvres ultérieures les plus connues.

Qui édite les créations Serge Mouille ?

Serge Mouille est un des rare designers exclusivement distribué par sa maison d’édition éponyme.

Gin Mouille (veuve de Serge Mouille) et Claude Delpiroux ont fondé l’entreprise Editions Serge Mouille en 1999 dans le but de faire vivre l’héritage de Serge Mouille. Cette entreprise familiale passionnée est la seule détentrice des droits de reproduction des luminaires Serge Mouille.

Les lampes des Editions Serge Mouille sont reproduites, authentiquement et fidèlement, et avec des numéros de série uniques. Exclusivement Made in France, les luminaires authentiques et originaux des Editions Serge Mouille sont fabriqués dans des ateliers locaux par des artisans expérimentés. Les luminaires sont tous fabriqués sur commande, numérotés et livrés avec leur certificat d’authenticité.

Fidèle au savoir-faire du célèbre artisan, l’atelier produit également des pièces sur mesure pour sa clientèle exclusive. S’inspirant des idées de Serge Mouille dès la création de la SCM (Société de création de modèles) en 1961, les Editions Serge Mouille créent une nouvelle société nommée Lignes De Démarcation en 2013. Suite à l’héritage Mouille, l’entreprise s’engage à reproduire et diffuser fidèlement le travail d’autres designers et artistes comme Michel Buffet, François Azambourg, Jean-Louis Avril.