Portraits

Alexandre Noll, la grande influence de ce discret créateur d’objets bois

Par Julie, le 20 janvier 2021
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Alexandre Noll (1890-1970) était un sculpteur autodidacte et ne s’est vraiment tourné vers l’art que dans les années 1920, avec la raison d’être «de faire du bois tout être fait de bois ». Pour lui, l’arbre était représentatif non seulement de la nature, mais d’une idée intellectuelle, possédant ainsi une valeur à la fois pratique et intellectuelle. 

Noll était en quelque sorte un homme reclus et réticent, refusant un poste d’enseignant à l’École Boule, disant qu’il préférait garder ses méthodes secrètes. 

Des années 1920 à peu de temps avant sa mort en 1970, Noll travaille depuis son atelier de Fontenay-aux-Roses, ne se rendant qu’occasionnellement dans les cafés de la rive gauche de Paris. Il créé des petits objets, puis des meubles, et enfin de grandes sculptures abstraites depuis son jardin de banlieue. 

Sculpture formée Alexandre Noll
Sculpture formée Alexandre Noll d’allure art primitif

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Un praticien de l’art et du design du 20ème siècle hautement collectionnable

Il a fait des meubles sur mesure pour Françoise Sagan ; a été encouragé à voir plus grand par Jean Cocteau et Jean Marais ; ses enfants ont reçu des livres d’autocollants faits à la main par le poète Jacques Prévert ; mais il est peu probable que vous ayez entendu parler d’Alexandre Noll. 

Artiste et designer, travaillant des années 1920 à quelques années avant sa mort en 1970, Noll passa ses journées caché dans un atelier de Fontenay-aux-Roses, se rendant de temps à autre dans les cafés de la rive gauche de Paris à 15 km. 

Les sculptures en bois, les meubles et les objets ménagers qu’il a créés varient en fonction et en style, mais tout au long de sa carrière, Noll est resté cohérent avec son matériau bien-aimé, le bois naturel et massif.

Vide poche en ois massif sculpté par Alexandre Noll
Vide poche en bois massif sculpté par Alexandre Noll

Son amour du matériau était unique, en particulier à une époque où les processus de conception industrielle et les ressources artificielles ont été mis au point par la génération d’architectes et de designers d’après-guerre. 

Son accent sur l’artisanat et la production de totems, de sculptures, de chaises et d’armoires en bois l’a inspiré à créer des pièces dérivées de formes naturelles mais créées par la main humaine.

Une de ses dernières sculptures de 1946, connue sous le nom de «dent», se trouve aujourd’hui au musée de Roubaix dans le nord de la France. La Miami Art Week de 2019 expose son œuvre : Alexandre Noll est enfin sous les projecteurs.  

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Un travail du bois massif, délicat et puriste

Le travail de Noll se démarque indéniablement de tout autre artiste. Son travail très varié comprend des pièces en bois finement sculptées, des sculptures totémiques mais aussi des meubles d’apparence aussi doux que brutalistes.  

Parfois volontairement rustiques, toujours férocement présents, ils sont taillés dans des morceaux de bois massif, de préférence avec très peu de veines.

Totem Alexandre Noll designer du 20ème siècle
Totem Alexandre Noll

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Noll représente une sorte de dichotomie entre intellectuel primitif et intellectuel sophistiqué. Ses formes en bois magnifiquement modulées, témoignant des efforts considérables qu’il a déployés pour utiliser les contours des couleurs naturelles de son matériau. 

Ses pièces continuent de se démarquer en ce que leur abstraction naturaliste est autant dérivée des propriétés du matériau que de sa propre main. Dans les sculptures et objets d’après-guerre de Noll, nous voyons un matérialisme musclé, reflétant les qualités inhérentes au bloc de bois dans lequel ils ont été sculptés. 

Meuble bahut Alexandre Noll en bois massif
Meuble bahut Alexandre Noll en bois massif

Instinctif et intellectuel, primitif et poli, le véritable moteur d’Alexandre Noll est la matière elle-même. Toute son œuvre est un hommage aux qualités naturelles du bois.

Michel-Ange a dit un jour : « Chaque bloc de pierre a une statue à l’intérieur et c’est la tâche du sculpteur de la découvrir », et c’est comme si à travers son travail, Noll cherchait à révéler la sculpture dans un bloc de bois, embrassant avec enthousiasme les caractéristiques accidentelles du bois naturel : ses fissures, ses textures et ses nœuds.

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L’origine : art thérapie d’entre-deux-guerre et d’après-guerre

Portrait Alexander Noll Sculpteur dans son atelier

Noll est né à Reims, dans le nord-est de la France, en 1890, et a ressenti le plein impact de deux grandes guerres. Il grandit en Savoie, à la frontière italo-suisse, avec des parents d’origine allemande, naturalisés français seulement dans les années 1870. Lorsque la guerre éclate en 1914, il est envoyé aux Dardanelles. 

L’art est devenu un outil thérapeutique contre l’horreur de l’expérience de guerre. « Il en a été tourmenté », raconte son petit-fils Dominique, dans une interview qu’il a donnée à Bonhams à l’occasion de la Miami Art Week de 2019.

Une fois démobilisé, Noll a décidé de ne pas suivre son chemin dans l’entreprise bancaire familiale. Marié et père d’un enfant, il utilise l’argent de sa famille pour acheter la maison de 1910 à Fontenay-aux-Roses et commence sa longue histoire d’amour avec le bois. 

Le designer est à l’écoute des pulsions artistiques de l’époque : l’art brut de Jean Dubuffet ; la sculpture en rond de Jean / Hans Arp ; les sculptures pionnières de Brancusi… Noll semble avoir accordé beaucoup d’attention à la montée en puissance de ces mouvements modernes, mais il a finalement suivi son propre chemin. 

Objet sculpté Alexandre Noll
Objet sculpté Alexandre Noll

Dans la seconde guerre mondiale, et déjà 50 ans, Alexander Noll rejoint un groupe d’artiste nommé la « brigade camouflage ». Après avoir étayé le sous-sol de sa maison avec des traverses de chemin de fer inutilisées pour créer une pièce à l’épreuve des bombes, il a commencé à sculpter des meubles et des œuvres sculpturales dans ces massifs morceaux de bois. 

Lorsque l’arthrite a détruit sa force manuelle, il est retourne à la peinture et au dessin pour les dernières années de sa vie.

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